???? Je suis intervenue dans l’hémicycle dans le cadre du débat : « Hyper-concentration des dépenses du ministère de la culture en Île-de-France : une fatalité ? »
Retrouvez mon intervention sur ce sujet que j’affectionne :
????« Le thème de ce débat est particulièrement bienvenu.
A l’automne dernier, j’ai souhaité m’intéresser expressément à cette problématique dans mon rapport pour avis sur les crédits de la Mission Culture dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2023.
Je pointais à cette occasion le fait que la répartition des crédits continue de s’opérer principalement au profit des monuments franciliens.
En exécution, en 2021, la région Île-de-France a ainsi bénéficié de 67 % des crédits exécutés dans le cadre du programme 175 Patrimoines.
C’est effectivement dans le domaine du Patrimoine que la concentration des crédits du ministère de la culture en région parisienne est la plus importante.
Ce sont même 90 % des crédits consacrés au patrimoine des musées de France et 85% des crédits en faveur des acquisitions et de l’enrichissement des collections publiques qui y sont hyper-concentrés pour reprendre l’intitulé de ce débat.
13 opérateurs franciliens de l’État concentrent à eux seuls 36 % de l’ensemble des crédits de paiement de ce programme en 2023.
Les grands opérateurs franciliens bénéficient largement de financements via le budget de l’État, alors même qu’ils disposent de ressources propres importantes.
En 2019, lorsque le taux de ressources propres des institutions patrimoniales et architecturales était en moyenne de 43,3 %, il était de 58 % pour le musée du Louvre.
Or celui-ci bénéficiera en 2023 de plus de 96 millions d’euros de crédits de paiement soit 8,74 % de l’ensemble des crédits du programme 175.
En outre, si l’objectif affiché par le ministère de la Culture dans le cadre du déploiement des crédits du Plan de relance était d’irriguer les territoires, notamment pour répondre aux critiques concernant la concentration des crédits en région parisienne, seuls 34 % de ces crédits ont effectivement été fléchés vers les territoires.
Madame la Ministre, ne pourrions-nous pas envisager de redéployer dans les territoires des crédits auparavant dévolus aux grands opérateurs parisiens alors que ces derniers disposent des moyens de développer leurs ressources propres ?
Les enveloppes qui leur sont consacrées sont telles qu’une réduction à la marge de celles-ci permettrait de financer plusieurs sites dans les territoires.
Le MuCEM est l’unique et d’ailleurs, le dernier né, des opérateurs de l’Etat intervenant dans le périmètre de l’architecture et des musées de France.
La création du MuCEM fait suite à celles de la Cité de l’architecture et du patrimoine, du musée du quai Branly et du palais de la porte Dorée dans la décennie précédente, tous implantés à Paris.
Dans mon rapport, je suggérais alors que le choix de créer des opérateurs culturels hors de la région francilienne soit privilégié à l’avenir.
Les futurs grands musées nationaux pourraient très bien être implantés dans les autres régions.
Ce ne sera toutefois pas le cas du musée-mémorial du terrorisme, qui devrait être installé en région parisienne dans les prochaines années.
Madame la Ministre, ne pensez-vous pas que le principe de l’implantation dans les territoires des futurs grands musées nationaux ne devrait pas devenir la règle pour l’avenir ?
Lorsque l’on regarde les « grands projets », 72 % des crédits sont là-encore destinés à la région francilienne.
Cette tendance devrait également se poursuivre avec la perspective de l’entrée en travaux, en 2024, du Centre Pompidou dans le cadre de son schéma directeur.
La politique patrimoniale de l’Etat dans les territoires ne peut pas se réduire au projet de Cité de la Francophonie de Villers-Cotterêts.
D’autres grands projets doivent irriguer les différentes régions avec l’impact qu’ils peuvent représenter pour l’économie locale !
Vous pourriez arguer que le patrimoine monumental appartenant à l’Etat est plus fortement implanté en Ile-de-France.
Outre qu’une telle affirmation doit être fortement relativisée, elle ne serait de toute façon pas valide.
L’enveloppe pour les travaux d’entretien des monuments historiques n’appartenant pas à l’État en faveur des collectivités territoriales et des propriétaires privés, à périmètre constant, n’a pas évoluée depuis 2018.
Et ce, en dépit de l’inflation importante de sorte que l’on observe une baisse de moyens à prix constants.
Pire, les dépenses du ministère en faveur de la restauration de ces mêmes monuments a baissé de 9% en 11 ans !
Cette enveloppe concerne pourtant essentiellement le patrimoine vernaculaire qui fait la richesse de nos territoires.
Elle a baissé de 6,5 % en 11 ans, là où les crédits consacrés aux monuments historiques appartenant à l’État ont bénéficié dans le même temps d’une augmentation de 2,6 %.
La situation est même plus grave puisque 30% des crédits qui nous intéressent ne sont pas consommés, d’année en année.
Dans mon rapport, j’avais d’ailleurs appelé à ce qu’une attention particulière soit apportée pour mettre fin à cette sous-consommation qui pénalise les territoires.
Nous le voyons bien, des leviers existent pour rééquilibrer le budget en faveur des territoires et mettre fin à l’hyper-concentration des crédits en Ile-de-France.
Madame la Ministre, cela nécessite une politique résolue de votre part.
Si le fonds incitatif est partenarial représente une avancée, il demeure néanmoins largement insuffisant pour répondre à l’enjeu ! »
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